Calomnie /3
Bien qu´ils soient proches, le commérage est différent de la calomnie. Le commérage signifie quelque chose qui intrigue. La calomnie consiste à diffamer en faisant de fausses accusations ou en attribuant faussement à quelqu´un un fait défini de crime. Il y a donc une plus grande violence dans la calomnie.
L´agression physique est déjà clairement identifiée comme étant négative à la cohabitation entre les personnes. Il y a consensus en ce qui concerne la nécessité de retenir et d´empêcher les agresseurs. Notre culture est également sur le point d´identifier dans la calomnie une agression qui peut et doit être empêchée et contenue. Mais nous n´en sommes pas encore là. Nous recherchons encore à nier et à cacher ce phénomène quand nous en sommes victimes. Nous sommes honteux d´être calomniés alors que la honte devrait être éprouvée par celui qui génère la fausse accusation. Parfois, nous nous soumettons même au calomniateur du groupe dans lequel nous vivons.
Des affirmations comme « il n´y a pas de fumée sans feu », en réalité ce sont des armes utilisées par les calomniateurs. Il est plus correct de dire: « il n´y a pas de fumée sans calomniateur ». Celui qui est exposé n´est pas la personne calomniée, mais bien le calomniateur: Il se découvre et révèle un intérieur conflictuel.
Le calomniateur est une personne qui souffre intérieurement. Celui qui est bien dans sa vie n´a même pas envie de calomnier, il veut apprécier les choses de la vie.
Parfois, en ce qui concerne leurs perturbations, les personnes s´y prennent de façon inadéquate. Par exemple, il commencent à boire beaucoup, ou bien ils nagent dans un monde imaginaire et s´éloignent de la réalité. La calomnie est une autre forme inadéquate. Le calomniateur cherche à transférer son déséquilibre à une autre personne. En lançant une calomnie il perçoit que l´intérieur de la personne atteinte commence à se désorganiser. Pour que cela se produise, la calomnie doit être percutante, elle doit pénétrer à l´intérieur de la victime et éclater comme une bombe. La personne qui est donc désormais déséquilibrée, c´est l´autre et non plus lui, il y a désormais quelqu´un d´autre qui est autant perturbé et qui souffre autant que lui.
Comme cet artifice est imaginaire, il ne provoque pas de soulagement durable au calomniateur, comme un vice, il sent le besoin de répéter et de répéter l´acte de calomnier. C´est une fausse issue à son déséquilibre. C´est comme si quelqu´un prenait la poubelle de chez lui et la jetait dans le jardin du voisin. Pendant quelques instants il a la sensation d´être propre, mais la poubelle réapparaît chez lui car une maison génère des déchets.
Il existe deux types de calomniateurs: celui qui calomnie systématiquement et celui qui le fait à un moment de sa vie où il ne va pas bien.
Il existe également les personnes qui propagent la calomnie provoquée par un autre. C´est un phénomène qui accompagne l´humanité depuis toujours. Un dramaturge romain, Plauto, écrit dans une de ses pièces: « Ceux qui rendent public la calomnie et ceux qui l´écoutent, qu´on se prévaille de mon opinion, ils devraient être enfourchés, les premiers par la langue et les autres par l´oreille ».
Sérieusement, nous devons apprendre à maîtriser ce phénomène. Nous en sommes tous sujets. Scheakspeare a écrit: « Même si tu es aussi pur que la neige, tu n´échapperas pas à la calomnie ».
La récupération de la personne sujette à la calomnie se fait lorsque celle-ci ne se soumet pas au phénomène, lorsqu´elle l´affronte et converse avec ses amis. Elle préserve sa propre estime, la libère de cette agression verbale et psychologique dont elle est victime. Elle pourra faire appel à une aide professionnelle au travers d´une psychothérapie de courte durée de type Interpersonnelle.
Celui qui se perçoit comme étant à l´origine de calomnies, bénéficiera également d´une aide professionnelle afin de chercher à maîtriser d´une façon plus efficace ses déséquilibres.